Les Filles du Botaniste

 

Un film de Dai Sijie

 

Avec Mylène Jampanoï, Li Xiaoran, Donfu Lin…

 

Après le succès de Balzac et la petite tailleuse chinoise, adaptation de son propre roman, Dai Sijie s’est attelé à la réalisation de ce film, inspiré d’une histoire vraie.

Les Filles du Botaniste parle d’un amour, d’un amour entre deux femmes, secret, souffrant du poids des traditions et de l’image de l’homosexualité en Chine, même dans les années 80, période où se déroule l’action.

 

Li est une jeune fille, dont les parents sont morts dans le tremblement de terre de 1976. Elevée dans un orphelinat, elle a l’opportunité d’aller en stage chez un botaniste de renom, vivant sur une île transformée en gigantesque jardin, avec sa fille.

 

Un monde à part, à l’écart, tout entier dévoué à la nature et à sa beauté. Un monde isolé, où les deux jeunes filles vont se lier d’amitié, et puis, peu à peu, un trouble va s’installer, une attirance irréversible et interdite vers l’autre, la naissance d’un amour qui ne peut se révéler.

 

Dai Sijie filme la naissance d’un amour, sa vie et son unité au-delà, une rencontre évidente et passionnelle, pourtant mise à mal par les traditions, l’interdit, le respect de la famille.

 

Les Filles du Botaniste a été filmé dans des décors magnifiques, au Vietnam, l’autorisation de tourner ne pouvant être accordée en Chine en raison de son sujet, encore aujourd’hui plus que tabou.

 Dai Sijie capte l’essence de son récit, à la fois ode à la beauté de la nature, au visuel, à travers le jardin, les plantes, les deux jeunes femmes qui y vivent aussi et manifeste pour le respect des différences, dans un pays que tout le monde regarde s’éveiller, dans la douleur d’un système qui rejette les droits de l’homme.

 

Le film est réussi, notamment grâce au trio de comédiens : Mylène Jampanoï, jeune française métisse, interprète Li, et révèle une grande sensibilité, qui passe notamment à travers son regard magnifique. Une jolie performance également que de parler chinois, en phonétique, spécialement pour le film ; Li Xiaoran, incarne la jolie An, fille esseulée sur une île avec un père autoritaire et dur, qui va se révéler avec l’arrivée de Li, et dont les sens vont être au diapason de la nature qui ne fait qu’une avec elle.

A leurs côtés, Donfu Lin incarne le père, autoritaire mais botaniste profondément amoureux de ce qu’il fait, amoureux de la terre et des plantes. Un homme de principe, de traditions qui rayonne grâce à sa fille, sa fierté.

 

Le poids des traditions et celui plus lourd d’une vie marginale dans une société encore trop fermée au monde, aux droits de l’homme et leur égalité, là est le message du film de Dai Sijie.

 

La mise en scène est appliquée, colorée, faite de longs plans qui révèlent une harmonie naturelle et la musique d’Eric Levi vient renforcer cette impression, avec des morceaux tout en douceur et en force.

 

Les Filles du Botaniste est un film à découvrir, car il est la preuve que le cinéma a encore beaucoup de choses à nous révéler sur le monde et sur l’empire qui s’éveille en Asie.

 

Arnaud Meunier

08/05/2006